Fraternité Catholique EurAfricaine

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Introduction aux saints africains

Certains seront surpris de trouver ici des saints qu’ils n’auraient pas pensé à rattacher au monde africain. C’est vrai déjà des Docteurs de l’Eglise de l’Antiquité. L’Occidental considère volontiers les Athanase ou les Augustin comme grecs ou romains. Il n’a pas tort. Cependant il faut savoir que le Noir chrétien est fier de revendiquer lui aussi leur paternité.


Les missionnaires du XIX° siècle sont eux-mêmes à l’origine de ce fait: partant d’Alger dont leur fondateur, le Cardinal Lavigerie, était l’évêque, les Missionnaires d’Afrique (Pères Blancs) invoquaient Saint Augustin pour leur apostolat. Mais de toute façon le seul fait pour ces saints d’être nés et d’avoir vécu en Afrique suffit aux Noirs pour s’en reconnaître solidaires.

 

De plus la similitude de destin des territoires de toute l’Afrique aux XIX° et XX° siècles explique également ce trait, qui est valable aussi pour Madagascar. D’ailleurs certains jeunes Noirs demandent ingénument à leur professeur d’histoire si Hannibal était noir, alors que c’était un Phénicien parlant grec!

 

Va pour les saints nés en Afrique, concédera-t-on. Mais pourquoi considérer comme africains les Benoît de Sicile ou les Martin du Pérou? Ce n’est pas seulement à cause de la couleur de leur peau. C’est surtout que le drame présent de nombreux pays africains pousse leurs habitants à se reconnaître dans l’existence tragique de leurs ancêtres déportés comme esclaves. A Benoît l’Africain de Sicile est dédiée une paroisse à Mbodienne au Sénégal et Martin de Porrès a sa statue dans la cathédrale d’Abidjan.

 

Les habitants de l’Afrique Noire se sentent très liés aux Noirs du Nouveau Monde. La réciproque est moins vraie, mais on peut trouver ce sentiment dans nombre d’écrits de l’Antillais Aimé Césaire ou plus près de nous dans le livre « Roots » d’un Noir Américain en quête de ses racines. Au reste Les formes de l’art noir sont très semblables sur les deux rives de l’Atlantique.

 

Le critère ainsi retenu n’est pas un critère de race: les catholiques sénégalais conservent pieusement le souvenir du Père Brottier grâce à qui la cathédrale de Dakar fut édifiée. Mère Anne-Marie Javouhey a une rue qui porte son nom près de la cathédrale de Saint-Louis. Ce ne sont que deux exemples du souvenir affectueux des Africains pour leurs premiers évangélisateurs, dont beaucoup périrent peu de temps après leur arrivée et sont souvent d’authentiques saints même s’ils ne seront jamais canonisés.

 

Mais si l’on peut admettre d’avoir rattaché les saints de Madagascar au destin africain, ne va-ton pas trop loin en y rattachant les saints des Mascareignes? Non, car Mère Anne-Marie Javouhey y envoyait ses filles en même temps qu’au Sénégal ; les méthodes d’évangélisation du Père Laval à Maurice ont fait école en Afrique, et son contemporain le Frère Scubilion voulait aller participer à la mission à Madagascar car, disait-on avec raison, elle était alors plus dure qu’à La Réunion.

 

Tout cela nous rappelle que la solidarité naturelle de toute l’humanité est portée à sa plénitude dans la communion des saints. Celle-ci est avant tout solidarité avec Dieu. Si bien qu’on ne s’étonne pas que le récit du martyre des jeunes Ougandais à la fin du XIX° siècle n’ait rien à envier aux récits des martyres de l’Empire Romain.

 

Presqu’au moment où Paul VI en faisait la constatation, Anuarite souffrait au Zaïre une passion qui la reliait directement à Félicité et Perpétue. Elle avait été précédée par son compatriote Bakanja: lui aussi, comme les martyrs de l’Antiquité, avait témoigné de la liberté suprême de ceux qui sont unis à Dieu.

 

Ainsi en racontant les vies des saints de l’Afrique, c’est presque toute l’histoire de ce continent qu’on parcourt. Faut-il s’en étonner? Les saints font l’histoire. Mais ce qui manque de l’histoire de l’Afrique dans l’histoire de ses saints, c’est ce qui ne relève pas de l’histoire de l’Eglise. Celle-ci est sainte. Aussi son histoire est celle de la sainteté.

 

Puissent donc les saints africains nous rappeler que s’il y a des pécheurs dans l’Eglise, ils n’y sont pas à raison de leur péché présent, mais à raison de leur péché pardonné, donc de leur sainteté. Puissent-ils nous obtenir - prions-les en - cette sainteté qui fait de nous de vrai fils de l’Eglise pour être comme eux des vrais fils de Dieu.



30/01/2020
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